Devenir adulte ?

Publié le par eMa./

Alors que je m'apprête d'ici trois semaines à quitter l'Afrique pour un temps de vacances, Koundara accueille les premières grosses pluies. Alléluia ! Bonjour l'hivernage... saison détestée des citadins français (qui connait quand même quelques variantes par chez nous puisque l'hivernage ici, c'est la saison des pluies, différent de notre hiver français) mais si salvatrice ici pour les terres et les corps. De ce fait, hommes comme femmes se préparent eux aussi à quitter Koundara ville pour leurs travaux saisonniers. Très loin des stations balnéaires ou des stations de ski, ces travaux sont essentiellement champêtres et consistent à atteler les bêtes, labourer la terre puis semer fonio, riz, maïs ou arachide. Durs travaux de cultivateurs surtout quand tout se fait à la main ! Enfin, pour l'heure, nous nous occupons surtout ici avec les femmes des récoltes au jardin. Les efforts réguliers de quelques unes ont commencé depuis un mois à porter leurs fruits et les premières ventes des récoltes remplissent peu à peu la caisse. C'est bon ! Je félicite leur persévérance dans les efforts d'arrosage alors que les difficultés d'alimentation en eau persistent. Un gros chantier est à mener à ce propos à la rentrée prochaine pour ne pas que le projet du jardin batte de l'aile. Pour l'heure, quand on sollicite les protagonistes, tous sont aux abonnés absents ce qui limite les cultures et le nombre de femmes motivées ! Autrement, l'année scolaire touchant à sa fin, les écoles ferment leurs portes, les rues se vident... Et à mesure que les élèves quittent leurs salles de classe dans des cris de joie non dissimulés, certains rites ethniques s'annoncent dans les villages de brousse : initiation pour les garçons et excision pour les filles. Bien sûr, tout cela est formellement interdit par le gouvernement et les différents responsables religieux tentent de dissuader les initiatives... en vain! Rien n'y fait ! C'est comme pour les fêtes des sacrifices, ce que les parents ont laissé nul n'oserait le bafouer et doit absolument être perpétué. Impossible de renoncer ou de modifier les pratiques ancestrales ! Loin des villes, les traditions perdurent donc coûte que coûte. Ainsi, les bambins, à peine âgés de 10-15 ans sont soumis à différentes étapes de passage à l'âge adulte (adulte à 15 ans ? Gloups...). Alors que les garçons sont appelés à devenir hommes au travers de combats et apprentissages en brousse (c'est secret pour les non initiés et encore plus pour la femme que je suis), les femmes elles sont soumises au sang de l'excision, à l'apprentissage de danses, chants et cuisine et aux confidences de doyennes sur le comportement à avoir en tant que femme vis à vis des hommes. Cela donne l'occasion de belles fêtes colorées sur 3-4 jours où masques traditionnels, alcool, musique, riz et danses agrémentent les journées. Mais ça laisse aussi le goût amer d'une réflexion sur la dangerosité de telles coutumes. J'espère que vous allez tous bien, que vous goutez au soleil estival (comment ca il paraît que c'est la sècheresse dans certains coins de France ?!). Au plaisir de vous voir bientôt, La bizZ Emmanuelle
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