Hivernage.
L’année scolaire est désormais finie… les uns partent en vacances tandis que d’autres filent au village pour les travaux champêtres. Les activités tournent donc au ralenti en ville ce qui permet de clôturer tranquillement les dossiers mais surtout un peu de farniente, de lecture et autres activités reposantes. Mon esprit bouillonne cependant encore des derniers bilans sur les projets. Comment ne pas s’offusquer que le personnel des écoles de brousse n’ait pas pris au sérieux les diverses consignes pour améliorer la situation déplorable dans les classes, qu’ils aient même délibérément gâtés certaines situations et que les tests finaux démontrent de telles lacunes et manquements? N’ont-ils donc aucune conscience professionnelle ?
Comme j’ai déjà eu à le dire, être coopérant, c’est savoir encourager et prendre des décisions pas toujours faciles mais qui sont importantes pour le bien des projets. Ainsi, avec l’association partenaire, nous avons décidé en cette fin d’année scolaire de restructurer totalement le projet des écoles de brousse pour ne pas faire semblant avec l’éducation de ces enfants. Je m’en réjouis parce que ça va dans le bon sens, celui d’une prise de conscience d’un problème, d’une envie d’amélioration, d’un début de réponse. Mais j’ai un goût amer en bouche tellement ça m’attriste que le personnel n’ait pas mesuré l’importance du problème et n’ait pas répondu favorablement à nos attentes de changements avant qu’on ait eu à les renvoyer… tous !
Il nous faut donc désormais travailler au recrutement des successeurs -de bons enseignants qualifiés pour ces nombreux enfants de brousse. Et ce n’est pas si évident dans cette préfecture reculée ! En effet, après le bac, bon nombre de jeunes ambitieux quittent Koundara pour aller continuer leurs études dans les grandes villes. Ensuite, trop peu d’instruits reviennent fautes d’opportunités de carrière ici. Aucune entreprise, aucune ONG, aucun bureau où mettre en pratique ce qu’ils ont appris. Ici seuls restent les commerçants, les agriculteurs, les militaires, et autre personnel de la fonction publique...
Juillet, mois d’hivernage, des labours, sarclages et semences dans les champs mais aussi mois des fêtes traditionnelles des jeunes filles Coniagui. Je vis ainsi depuis quelques jours au rythme des danses et chants du Sampatché. Un délice éreintant ! Une autre manière de partager cette coopé avec la communauté, de mieux comprendre les rites de ces pratiques ancestrales ! Danseuses, masques, perles, pagnes indigo, clochettes, hydromel... Alors que certains dansent avec frénésie, d’autres abusent de l’expression guinéenne « J’ai bu jusqu'à mourir », en d’autres termes, boire jusqu’à perdre tous ses sens et s’endormir n’importe où. Je me délecte de ces instants ici, j’ondule mon corps avec joie d’autant que les mois filent et qu’il ne me reste plus que 3 mois de coopé… Profitons, profitons !