Perturbations en plein vol

Publié le par eMa./

Pourquoi avoir tant tardé à écrire ce post estivale? Pour ne pas avoir à passer pour une tarée en parlant encore de pluies ou de fraîcheur salvatrices alors que tant ont attendu l'été avec impatience pour se dorer la pilule ? Pour prendre le recul suffisant afin de faire le point de cette première année de coopé ? Pour profiter au maximum de la vie française ? Ou peut être bien plutôt par peur... Oui la peur, non pas de la page blanche mais la peur d'avoir à exprimer comme finalement il ne m'a pas été si facile de rentrer en France cet été. La France c'est pourtant mon pays, non ?! N'ai je pas été parisienne pendant plus de 12 ans ? Partager des moments avec sa famille, partir 15 jours en bord de mer, retrouver le confort occidental, ca a un côté sympa, alléchant même ! Oui mais voilà outre la longueur du trajet pour rejoindre Dakar puis Paris, le manque de confort pour le faire (12 dans un taxi ou 15h de bus climatisé à 40°C et collé contre un gros monsieur pour faire 500 kms, ce sont de vraies épreuves!) et le manque de sécurité des transports africains (rappelez vous, 12 dans un taxi, c’est dire la quantité de bagages qui voyagent sur un toit archi croulant, sans compter ceux qui y voyagent également et qui font tanguer le véhicule... et les défauts mécaniques quasi automatiques de ces très vieux véhicules), donc outre tout ceci, ce retour en ville a été brutal. Tambacounda puis Dakar au Sénégal où les sollicitations et marchandages sont omniprésents, où il est difficile de discerner si le plus ennuyant est le bruit, la chaleur, les embouteillages ou les pots d'échappement crasseux.

 

Très vite, je me suis sentie comme un petit animal apeuré, moi la routarde chevronnée, et je n'étais pas au bout de mes surprises en arrivant à l'aéroport. Des gens qui crient, qui se stressent, qui poussent partout. Mais ou était donc passé le calme et la zenitude de ma chère brousse de Koundara ? Quelques heures plus tard... l'agitation et le quotidien français ne m'ont guère plus épargnés puisque j'ai sans cesse eu le sentiment d'être à côté de la plaque, de ne pas arriver à retrouver mes repères, de m'exprimer à contre sens. Comment parler de sa coopé devenu son quotidien, comment dire que l'on est heureux de revoir ses proches même si on se sent perdu, un peu solitaire et ronchonchonne et que l'on ne passe pas des heures dans leurs bras, comment leur dire aussi que la vie de Koundara nous manque un peu sans vexer et même si on s'efforce de bien couper les ponts pour ne pas être ni ici ni là bas ?

 

Bien sûr c'était agréable d'être en France, en vacaaaaaances, de manger des crêpes et des moules avec sa famille et ses adorables monstres de neveux, de se baigner et tutti quanti mais ce qui est flippant quand on rentre pour un temps finalement si court c'est que l'on perçoit déjà comme il sera sûrement difficile de revenir l'année suivante (du moins au début), de retrouver une place heureuse dans son propre pays qu’il nous faudra dès lors redécouvrir parce que l’air de rien, les repères, ca prend du temps à se remettre en place.

 

Cela dit, c'était chouette d'être une touriste à Paname, de manger les bons plats de maman, de visiter quelques amis, la famille, de retourner à Lille, de faire les soldes et de porter ses nouvelles robes à la mer, de se faire dragouiller en boite... La mer, vous ne trouvez pas que ca a un côté apaisant? Moi, j’ai adoré ! Voilà il m'aura peut être fallu un mois pour me sentir enfin bien chez moi et que c’est à ce moment là qu’il m’a fallu repartir mais ce retour était important. Un pour savourer ceux qui m'entourent malgré le sentiment de leur avoir dit de travers, deux pour faire un break mais aussi trois pour mieux appréhender mon retour sur Koundara.

 

Effectivement, c'était un vrai plaisir de revenir ensuite et de revoir les potes coopérants au fil de la route, de se faire accueillir par un 'bonne arrivée', de papoter avec mes voisins, de revoir ma chienne, d’aller boire un verre de rônier chez Joséphine, de me balader dans les rues de cette chère préfecture pour saluer les enfants, de revoir la cuisinière et sa petite fille Alice, de manger un bon plat de fonio sauce arachide (bon ok avec en prime un bout de fromage ramené de ce cher pays français! ;), de reparler chiffon avec le tailleur (oui mes journées sont trèèèès remplies)...

 

Début septembre 2011, me voilà donc repartie pour ma deuxième année de coopé.

 

A très vite pour vous conter la reprise du travail et les aléas de la vie ici. Pour l'heure les moustiques font des ravages et la moustiquaire est d'or pour limiter les méfaits du palu. En ville, on ne parle que de ça (et de la fin du ramadan).

 

Je vous souhaite une belle rentrée avec des beaux cartables tout neufs et bien remplis de trucs ultra chouette pour bisquer la copine (moi rien qu'un cosmo ou un paquet de pringles et je suis bisquée!! ;)

 

Bizz

Emmanuelle

 

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F
Oui,c'est difficile de se remettre dans le bain occidental après un séjour à Koundara. J'ai mis un an à sortir la tête de la poussière rouge des pistes après avoir passé trois années de coopération<br /> là-bas. Oui,c'est vrai mais la société nous ramène vite à la réalité. Notre coeur lui,est toujours entre deux vols... Bon courage Emma!On ne voit plus la vie comme avant, on "relativise"..
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E
<br /> <br /> Et c'est si bon cet optimisme d'apres, cette nouvelle façon de voir les choses, de relativiser. Merci pour ces encouragements. Ca fait maintenant 8 mois que je suis rentrée et j'ai l'impression<br /> d'avoir trouvé un bel equilibre !<br /> <br /> <br /> <br />